Les visages sont fermés sur les quais de la gare du Nord. Nous sommes en décembre 1918, et les Bruxellois attendent fébrilement l’arrivée du premier train de réfugiés qui rentrent au pays. Après quatre années de séparation, l’heure des retrouvailles a enfin sonné.
Le retour des communautés belges exilées en France, en Angleterre et aux Pays-Bas s’avère pénible. En Belgique libérée, la désorganisation est totale. Les lignes de chemin de fer ont, par exemple, presque toutes été détruites par la guerre. Pour le demi-million de réfugiés, la situation est d’autant plus difficile qu’ils sont, dans leurs pays d’accueil, confrontés à une crise économique sans précédent. Les étrangers sont les premiers à être renvoyés des usines de guerre : en quelque semaines, des dizaines de milliers d’ouvriers belges se retrouvent sans emploi. À partir du printemps 1919, les retours s’accélèrent enfin. En quelques mois à peine, des centaines de milliers de réfugiés rentrent au pays.