Crieur public | 2014-18.brussels

À Schaerbeek, hommes, femmes et enfants se groupent autour du crieur public. Ce métier avait disparu des rues bruxelloises avant la guerre, pour ne subsister que dans quelques villes et villages reculés. Avec l’occupation, les crieurs publics réapparaissent. Déambulant la cloche au poing, ils portent les dernières nouvelles de carrefour en carrefour. Ainsi se propagent les annonces officielles, mais également les informations pratiques, comme le prix du poisson vendu aux halles. Un canal d’information en remplace un autre, puisque la presse d’avant-guerre a été démantelée par l’occupation.

L’invasion voit disparaître la plupart des journaux bruxellois. Les directeurs de presse d’avant-guerre préfèrent le silence plutôt que de travailler sous la censure allemande. Cette situation change pourtant dans les mois qui suivent : de nouveaux titres voient le jour, invoquant le besoin d’information du public et la nécessité de remettre en marche l’économie nationale. Faute d’alternatives, ces journaux se taillent un incontestable succès dans les kiosques. Beaucoup de Bruxellois voient surtout une manière d’apprendre à lire entre les lignes : la censure exercée par l’occupant discrédite, à leurs yeux, cette presse qualifiée d’« embochée ».