Au pied des marches de la Bourse, deux femmes vendent les journaux à la criée. En ces temps d’incertitude, la population s’arrache les éditions spéciales qui fleurissent alors. Il n’est pas rare, pourtant, que les nouvelles du jour soient démenties dès le lendemain. C’est également à la Bourse que les Bruxellois découvrent, parfois avec stupéfaction, les avis officiels.
L’une de ces proclamations, adressée le 19 août par le bourgmestre de Bruxelles à ses concitoyens, fait date. La possibilité que la capitale tombe aux mains de l’ennemi y est clairement admise. Adolphe Max lance un appel au calme : si la ville était envahie, les civils devront s’abstenir de tout acte d’hostilité, afin d’éviter les représailles. Une distance patriotique devra toutefois impérativement être maintenue vis-à-vis de l’occupant. « Qu’aucun de vous n’accepte de servir de guide à l’ennemi », implore cet avis officiel, qui conclut : « Vive la Belgique libre et indépendante ! Vive Bruxelles ». Placardée dans toute la ville, cette proclamation fait d’Adolphe Max le symbole bruxellois de la résistance. Une icône patriotique était née.